Le 23 septembre dernier à l’IFTM 2025, la Directrice Générale de DIGITRIPS, Émilie Dumont, a participé à une table ronde aux côtés de plusieurs grands experts de la distribution de voyage pour échanger sur l’impact du Covid-19 sur le secteur, cinq ans après. Comment la pandémie a-t-elle transformé l’industrie du voyage et le comportement des voyageurs ? Ses effets sont-ils encore perceptibles aujourd’hui ?
Animée par le journaliste François-Xavier Izenic, la table ronde réunissait plusieurs figures majeures du travel tech et de la distribution : Frédéric Saunier (PDG Amadeus France), Didier Arino (PDG Protourisme), Christian Sabbagh (fondateur et PDG de TravelSoft et Orchestra), Hervé Kozar (VP Ventes Agences chez Air France) et Laurent Abitbol (PDG de Marietton Développement).
Les intervenants ont analysé quatre grandes transformations post-Covid du secteur du voyage.
Sommaire
- Repenser les prix du voyage dans une économie post-Covid
- Flexibilité et personnalisation : les nouveaux standards de la travel tech
- L’essor des parcours “digital-first”
- Les voyageurs et le tourisme durable
- L’intelligence artificielle et la révolution post-Covid du voyage
Repenser les prix du voyage dans une économie post-Covid
Le premier impact visible concerne les prix, qui sont actuellement plus élevés pour les billets d’avion et l’hébergement qu’avant la pandémie. Tous les experts ont convenu que la Covid ne pouvait pas expliquer à elle seule la hausse des prix, les tensions géopolitiques mondiales ayant également contribué à cette augmentation. Le panel a discuté du comportement des voyageurs et de leur réaction à l’inflation.
Inflation, reprise et nouvel équilibre tarifaire
Le premier effet visible concerne les prix, aujourd’hui plus élevés qu’avant la pandémie, tant pour les vols que pour l’hébergement. Tous les experts s’accordent à dire que le Covid n’explique pas à lui seul cette hausse : les tensions géopolitiques mondiales y ont également contribué.
Après la crise sanitaire et la vague du “revenge travel”, mais surtout depuis la guerre en Ukraine, les prix des vols et des hôtels ont fortement augmenté.
Alors que les capacités aériennes sont revenues à leurs niveaux de 2021–2022, la demande reste soutenue, maintenant des tarifs élevés : les vols moyen-courriers ont grimpé de 15 % sur un an, et jusqu’à 50 % sur certaines destinations comme les Caraïbes.
« Dans le voyage, les prix doivent refléter le niveau de service », explique Émilie Dumont.
Malgré l’inflation, l’offre et la demande restent globalement équilibrées, ajoute Hervé Kozar.
Des voyageurs plus exigeants dans un marché en mutation
Concernant les comportements consommateurs, les experts constatent la fin de la période du “revenge travel”. Les voyageurs ne partent pas moins, mais voyagent mieux, et se montrent plus exigeants, malgré une inflation qui a ramené le pouvoir d’achat à son niveau d’avant-pandémie.
« Le voyage est peut-être le seul secteur où les gens acceptent de restreindre leur budget pour s’offrir des expériences plus qualitatives », souligne Émilie Dumont.
Laurent Abitbol de Marietton Développement note aussi une hausse des surclassements en classe affaires, signe que confort et plaisir restent prioritaires.
Flexibilité et personnalisation : les nouveaux standards de la travel tech
Des réponses plus adaptées aux attentes des voyageurs
Le deuxième grand virage post-Covid semble être la quête de flexibilité.
Pour Émilie Dumont de DIGITRIPS, c’est sans doute la leçon la plus importante de la période post-pandémie.
Les acteurs du voyage ont douloureusement surmonté les vagues d’annulations et de remboursements, qui ont parfois menacé leur modèle économique.
Le Covid a accéléré la digitalisation du secteur, permettant plus de flexibilité sur les réservations, paiements et annulations, tant pour les voyageurs que les distributeurs.
Les solutions DIGITRIPS : Flexy, Floa et les packages dynamiques
Emilie Dumont detailed DIGITRIPS Pro’ solutions to offer travelers a smoother and more agile purchasing journey :
- Flexy50 et Flexy100 : annulation jusqu’à un jour avant le départ, avec remboursement de 50 % ou 100 % en crédit voyage sur misterfly.com ;
- Paiement en quatre fois avec le partenaire bancaire Floa ;
- Packages dynamiques, combinant vols et hébergements optimisés en temps réel,
- L’option FREEZE ,qui permet de sécuriser le prix d’un vol et de confirmer la réservation jusque dix jours avant le départ,
Selon Dumont et Abitbol, les packages dynamiques gagnent en popularité auprès des voyageurs, leur permettant de mieux maîtriser leurs coûts – les fluctuations du prix des vols pouvant freiner le ratio look-to-book des réservations.
L’essor des parcours “digital-first”
Comme évoqué plus tôt, la crise a rendu indispensables les services 100 % numériques, notamment dans l’hôtellerie, longtemps frileuse sur l’adoption de solutions SaaS.
Mais pour les prestataires, cette digitalisation a exigé une adaptation interne aux processus digitaux, parfois difficile à mener.
Le Covid, catalyseur de la réservation en ligne
Si les voyageurs ont massivement migré vers les réservations en ligne, Laurent Abitbol observe un retour vers les agences : les clients rencontrent encore trop de frictions sur le web, notamment pour les remboursements.
Les prix étant comparables en ligne et en agences, ces dernières retrouvent crédibilité et attractivité.
Réconcilier digital et contact humain
Les agences de voyages physiques se portent mieux qu’en 2019, tout en se digitalisant.
Même sur place, elles s’équipent désormais d’outils numériques.
Concernant les habitudes consommateurs, Hervé Kozar souligne que la génération Z, désormais en âge de consommer, est sans surprise mobile-first, tandis que les seniors et couples sans enfants (DINKs) restent la clientèle principale des agences physiques.
Maintenir des canaux de vente hybrides (en ligne et hors ligne) est donc crucial pour les distributeurs.
Les voyageurs et le tourisme durable
Le fossé entre discours et actions : comment la tech peut encourager le voyage responsable
L’intérêt pour le tourisme responsable croît chez les moins de 35 ans, mais un écart entre intentions et actes d’achat persiste, appelé « say-do gap » en anglais.
Les voyageurs se disent soucieux de l’environnement, mais tendent à privilégier le confort et les options les plus pratiques pour l’organisation de leur voyage.
L’essor du slow tourism, de la randonnée et du vélo montre un désir de nature, sans pour autant traduire une réelle disposition à payer davantage pour des options plus écologiques.
Mesurer, communiquer et agir : comment le secteur s’adapte
Le marché évolue, et les professionnels doivent mieux communiquer leurs engagements environnementaux, notamment via la mesure de l’empreinte carbone et la transparence des indicateurs de durabilité. Émilie Dumont a rappelé que DIGITRIPS avait déjà intégré les émissions carbone des vols à son outil de réservation en ligne, en partenariat avec Atmosfair.
Cela dit, tous les experts étaient du même avis: la priorité est à la mesure et à la transformation. A ce titre, Air France investit 1 milliard d’euros dans le renouvellement de sa flotte pour se positionner en leader de l’aviation durable.
Pour les agences, intégrer la durabilité est non seulement une responsabilité morale, mais aussi une opportunité commerciale : les voyageurs valorisent les marques qui rendent les choix responsables visibles et faciles à comprendre.
L’intelligence artificielle et la révolution post-Covid du voyage
En conclusion, la table ronde a exploré l’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur l’industrie du voyage.
Dans l’ère post-Covid, l’IA s’impose comme le prochain grand tournant : les attentes ont changé — plus de flexibilité, de personnalisation et de réassurance — et l’IA vient accélérer cette transformation.
Elle permet des recommandations plus pertinentes, un service plus rapide et une efficacité opérationnelle accrue si bien maîtrisée.
Mais, comme le souligne Émilie Dumont de DIGITRIPS, le voyage reste une expérience profondément humaine, fondée sur l’émotion, la connexion et la découverte : « L’IA ne remplacera jamais cette dimension ; elle ne peut que l’amplifier. »
Le défi pour les professionnels du tourisme sera donc, selon les experts, de concilier l’efficacité de la technologie avec l’empathie et l’authenticité qui font la richesse du voyage.
La révolution technologique ne fait que commencer — comme un nouvel “âge d’or” du numérique.
